Commission de Concertation
Commune de Woluwe Saint Pierre
Réunion du 15 septembre 2005
Permis d'urbanisme introduit par Belgocontrol
Installation d'une antenne "O.M. - 02"
1. Justification de l'intérêt du plaignant
J'habite depuis 1966 à Kraainem dans l'habitation que j'y
ai fait construire à l'époque. Cette habitation se trouve
à moins de 100 mètres de l'axe du corridor d'atterrissage
dont l'antenne de l'O.M. 02 est le point de passage obligé.
Elle se trouve également à 5.1 NM, soit à
9.5 kilomètres, du seuil de cette piste. Elle se situe à
la limite de Kraainem et de Woluwe Saint Pierre, en zone classée
"zone d'habitation". Le trafic aérien était à
l'époque insignifiant.
Lorsque la piste 02, réputée piste de dépannage, est
aujourd'hui mise en service, la totalité du trafic de Bruxelles-National
survole ma maison à basse altitude, en configuration bruyante d'atterrissage.
Toute vie sociale normale devient alors impossible, tant le bruit est répétitif
et assourdissant. De plus, il devient alors impossible d'avoir une nuit
normale de sommeil, ce qui, d'après les experts commis par l'Etat,
a des conséquences gravissimes sur la santé, susceptibles
d'entrainer même de nombreux décès prématurés
(voir rapport du Professeur Annemans de l'Université de Gand)
2. Rôle opérationnel de l'antenne de l'O.M. - 02
Cette antenne est l'équipement majeur de la balise OM 02 (Outside
Marker), elle-même un des trois éléments constitutifs
de l'équipement ILS (Instrument Landing system) de la piste d'atterrissage
02, les deux autres éléments, le G.S. (Glide Slope) et le
Loc. (Localizer), également tout récemment modernisés,
étant quant à eux situés dans l'enceinte même
de l'aéroport, à hauteur du seuil de la piste 02. A ce titre,
on doit considérer que l'autorisation qui serait éventuellement
accordée à l'édification/modernisation de cette antenne
impliquerait automatiquement autorisation à l'augmentation des
performances du système ILS de la piste 02 tout entier.
Pour illustrer cet unicité de fonction des trois constituants,
on peut dire que l'Antenne "OM - 02" constitue le
premier "pilier" au sol du "viaduc" étroit,
qui conduit les avions depuis l'altitude-sol de 1.250 pieds (soit +/-
380 mètres) au droit de la balise OM, jusqu'au niveau du seuil
de la piste 02 elle-même, lequel constitue alors le deuxième
"pilier" au sol Ce "viaduc transparent"
présente une pente descendante d'exactement 3°.
3. Les raisons de s'opposer à l'installation d'une nouvelle antenne
"02"
3.1. L'incompatibilité avec la fonction de zone d'habitation
Tout comme son composant "antenne", les deux autres composants
de l'ILS de la piste 02 viennent d'être modernisés et remplacés.
Ceci permettra à Belgocontrol, quand il le décidera, de
mettre l'ILS de la piste 02 (actuellement au niveau I, niveau minimum)
au même niveau technique que celui de la piste d'atterrissage principale,
la piste 25 R, classé niveau III (maximum), lui aussi modernisé
au mois d'août.
L'amélioration de l'équipement de guidage électronique
sur la piste 02 n'a évidemment d'autre but que de permettre une
utilisation plus régulière et plus importante de cette piste
à l'atterrissage. Ceci ne pourrait que compromettre de manière
encore plus importante l'exercice même de la fonction d'habitation
dans les quartiers situés de part et d'autre de ce "viaduc"
transparent, quartiers actuellement classés en "Zones d'habitation",
3.2. L'augmentation continuelle du trafic.
Lors de la première autorisation accordée à
la Régie des Voies aériennes vers 1960, aucune demande de
classement des zones situées sous la 02 en zones "non aedificandi"
ou à exproprier n'avait été à l'époque
introduite par le demandeur. Il est clair qu'il n'envisageait pas lui-même
l'accroissement actuel du trafic. Or, le trafic aérien de jour
n'a cessé de s'intensifier autour de la piste d'atterrissage 02
au cours des dernières années : de 3.6 % du trafic global
d'atterrissage en 2000, à 7.2 % en 2001, 9.9 % en 2002, 10.46 %
en 2003 et 13.04 % en 2004. De son coté, le trafic aérien
de nuit, inexistant jusqu'en 1985, n'a cessé d'augmenter avec
une utilisation de la piste d'atterrissage 02 qui passe de 0.5 % en 2000,
à 1.5 % en 2001, à 0.2 % en 2002, 0.66 % en 2003 et finalement
à 3.14 % en 2004.
Le nombre total annuel de mouvements d'avions à Bruxelles
n'a de son coté pas cessé de croître depuis la
première autorisation d'installation d'un équipement
ILS en 1960, en passant de 65.000 vols annuels en 1960 à 105.000
mouvements en 1976, 200.000 en 1990, 250.000 en 1995, 300.000 en 1998,
326.000 en 2.000, avec comme objectif déclaré des exploitants
de l'aéroport d'arriver le plus rapidement possible à 450.000
mouvements par an, et, à plus long terme, à 600.000 mouvements
annuels.
3.3. Une piste historiquement secondaire, à fonction de dépannage
Depuis la création de l'aéroport de Bruxelles National
sur le site de Zaventem, la piste 02 a toujours été considérée
comme une piste secondaire alternative de dépannage, et n'a jamais
été mise en service que de manière épisodique.
Elle est en effet la plus courte (2.984 mètres) des trois pistes
de l'aéroport, avec respectivement 3.211 et 3.637 mètres
de longueur, et est en pente défavorable à l'atterrissage.
La modernisation de l'ILS pourrait désormais permettre de la soustraire
à ce rôle secondaire et d'en faire elle aussi une piste
dite "préférentielle".
Pour des raisons élémentaires de respect des règles
d'urbanisme en vigueur à Woluwe Saint Pierre, Kraainem et Wezembeek-Oppem,
je demande que cette piste doive impérativement rester une piste
alternative utilisable uniquement en dépannage.
3.4. Les quartiers traditionnels concernés.
Les quartiers sociaux de Joli-Bois sont concernés, ils ont cependant
été construits avant l'aéroport et avant la piste
d'atterrissage 02. Sont également visés les anciens quartiers
(+/- 1960) comme le quartier "sainte Alix", les quartiers Corniche
Verte, Route Gouvernementale, Clos du Taillis, Clos des Essarts, ceux
avoisinant l'avenue des Grands Prix, l'avenue d'Huart, l'avenue Astrid,
l'avenue de Burbure, etc. . . .
Les équipements collectifs scolaires et sportifs y sont particulièrement
nombreux et denses : centre sportif de Woluwe, écoles francophones
et néerlandophones autour de Mater Dei et de l'Athénée,
école primaire de Stockel, école Saint Georges, Shopping
Center de Kraainem, etc. . . .
3.5. La menace en matière de sécurité.
Outre la gêne acoustique insupportable engendrée par les
avions en approche de la 02, il faut également prendre en compte
la menace que ces survols engendrent pour la sécurité
des habitants et des centres de rassemblement situés de part et
d'autre de la piste. En effet, il est reconnu que 80% des accidents d'avion
se produisent durant les phases d'atterrissage et de décollage,
en dessous de 2.000 pieds. La concentration de risque apparaît ici
comme anormalement élevée, eu égard à la densité
de population des zones survolées.
3.6. Le refus de Belgocontrol de prise en considération des règles
d'urbanisme et d'aménagement du territoire
Les atterrissages par la piste 02 sont les seules procédures
aériennes qui survolent à si basse altitude des quartiers
si densément peuplés. Les approches "normales"
par les pistes 25 se font quant à elles au dessus de zones classées
"non aedificandi", constituées le plus souvent de cultures
et de champs. Ce sont cependant les riverains eux-mêmes des pistes
25 qui demandent le maintien des atterrissages sur cette dernière
piste au lieu de la 02
3.7. Absence de propositions de mesures d'accompagnement.
La demande aujourd'hui introduite l'est dans le cadre d'une volonté
politique clairement exprimée par le gouvernement d'intensifier
fortement le trafic d'atterrissage sur la piste 02. La détérioration
progressive normalement prévisible du tissu urbain qui s'en suivra,
ne fait cependant l'objet d'aucune proposition en matière de mesures
d'accompagnement (expropriations, indemnisation, isolation acoustique)
en faveur des habitations dont la qualité de vie serait ainsi détruite.
4. Les autorisations administratives précédentes relatives
à l'utilisation de la piste 02
Les spectaculaires augmentations de trafic mentionnées plus haut
n'ont été possibles que grâce à la réalisation
d'importants travaux et de lourds investissements. Suite à la
législation européenne et flamande en matière
de construction/développement d'aéroports ayant une piste
d'atterrissage de plus de 2.600 mètres, une étude d'incidences
a du être réalisée par la Région flamande.
Cette étude, dénommée "Zaventem 2.000"
a finalement donné lieu à autorisation, autorisation aujourd'hui
invoquée pour continuer à soutenir la croissance du trafic
à l'atterrissage sur la piste 02.
Le document officiel : "Bondige samenvatting van MILIEU EFFECTRAPPORT
ZAVENTEM 2000 - GELUID EN TRILLLINGEN" est déposé
en séance pour consultation à l'intention des membres de
la commission.
Un autre document critique "NOTE DE LECTURE - ETUDE D'IMPACT
ZAVENTEM 2000", rédigé à l'époque
par le plaignant est également déposé en séance.
Il faut conclure de ces documents que l'étude d'incidence a uniquement
été basée sur le bruit du trafic aérien engendré
durant la seule journée du 20 mars 1990, journée
considérée comme parfaitement représentative du trafic
normal de l'aéroport. Or, durant cette journée, jamais
la piste 02 n'avait été mise en service. On peut donc
conclure que l'autorisation d'entreprendre les travaux ayant permis une
importante augmentation de trafic a été donnée sans
aucune considération pour le trafic d'atterrissage sur la piste
02, considérée alors comme piste secondaire de dépannage.
C'est cependant sur cette piste que Belgocontrol s'estime aujourd'hui
forcé de déplacer une partie importante de son trafic
Cette augmentation de trafic sur la piste 02, rendant aujourd'hui nécessaire
l'installation d'un nouveau système ILS, comprenant une nouvelle
antenne OM 02, n'avait donc jamais été couverte par l'étude
d'incidence réalisée par la Région flamande.
5. Décisions de justice concomitantes à la présente
réflexion
Arrêt n° 2004/980/C du Tribunal de première instance
de Bruxelles du 14 décembre 2004 ordonnant la cessation de l'utilisation
préférentielle de la piste 02 pour les atterrissages
Arrêt 2004/AR/458 de la Cour d'Appel de Bruxelles ordonnant
la cessation provisoire de l'utilisation de la piste 02 à l'atterrissage
telle qu'elle résulte de l'application du plan Anciaux bis.
Ces décisions contraignantes restreignent fortement les conditions
d'utilisation de la piste 02 à l'atterrissage et confirment son
caractère limité au rôle de piste secondaire alternative
de dépannage uniquement. Cette piste 02 ne pourrait donc plus être
utilisée pour du trafic important dans un but politique de dispersion
des nuisances pour raisons environnementales.
Conclusions
1. Demande de réalisation d'une étude d'incidences suivant
la législation de la Région bruxelloise.
Je suggère à la Commission de Concertation que l'actuelle
demande de permis d'urbanisme relative à l'érection d'une
nouvelle antenne OM 02 modernisée couvre en fait une problématique
infiniment plus vaste, susceptible d'affecter profondément
l'évolution de l'urbanisme et de l'aménagement du territoire,
notamment sur le territoire de la commune de WSP et des communes avoisinantes.
La Commission de Concertation pourrait donc très légitimement
suggérer à la Ministre de l'Environnement d'imposer la
réalisation d'une véritable étude d'incidence avant
de se prononcer sur le permis d'urbanisme en matière d'érection
de l'antenne OM-02.
Une telle étude d'incidences devrait impérativement être
réalisée suivant le prescrit bruxellois. Celui-ci
impose notamment la rédaction préalable d'un cahier des
charges à soumettre à l'enquête publique, l'étude
des alternatives raisonnablement envisageables, l' étude des conséquences
socio-économiques et urbanistiques, l'étude des conséquences
en matière de santé et de respect de la qualité de
la vie, la soumission du texte de l'étude à l'enquête
publique . . .etc. . . .. Le cas échéant, elle devrait contenir
des propositions en matière de mesures d'accompagnement
(isolation acoustique, expropriation, indemnisation, . . .
2. Demande alternative d'imposition de mesures d'accompagnement.
Au cas où la Commission ou la Ministre ne devaient pas se ranger
à cette suggestion, je demande néanmoins que des mesures
d'accompagnement sévères (expropriation, isolation acoustique,
indemnisation, compensation, . . .) soient imposées à Belgocontrol
en fonction de l'éventuel dépassement de certains seuils,
exprimés en moyenne par journées individuelles (et non par
longues périodes). Ces seuils devraient viser notamment le nombre
total de survols par jour, le nombre de survols dépassant 70 dB
et 80 dB, la contribution du bruit des avions à la détérioration
de l'indice de gêne, le pourcentage de temps de la journée
où le bruit des avions couvre le bruit ambiant, etc. . . . tous
paramètres aisément contrôlables par les logiciels
utilisés par l'IBGE.
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