Le nouveau ministre de la Mobilité François Bellot est attendu au tournant
Les syndicats de la SNCB espèrent qu’il reviendra sur la vision stratégique de Jacqueline Galant et les riverains de Brussels Airport lui demandent une approche équilibrée dans le dossier des nuisances.
LE RÉSUMÉ
"Le nouveau ministre est un homme qui connaît les dossiers, c’est un homme posé. Il va pouvoir discuter avec les experts de l’administration", commente Laurent Ledoux, ex-président du SPF Mobilité et Transports. Le nouveau ministre de la Mobilité, François Bellot, a prêté serment lundi. Les syndicats de la SNCB espèrent qu’il ne s’alignera pas sur la même voie que Jacqueline Galant. Les victimes du bruit des avions de Brussels Airport lui demandent une approche équilibrée et impartiale.
François Bellot (MR) a officiellement enfilé lundi ses nouveaux habits de ministre fédéral de la Mobilité après avoir prêté serment devant le roi Philippe. À peine installé, il va devoir rentrer rapidement dans les dossiers même s’il connaît déjà bien certains d’entre eux, notamment ceux de la SNCB. Il a traité les questions liées aux entreprises publiques lorsqu’il était député fédéral (2000-2010) et a même présidé la commission Infrastructures et des entreprises publiques (2007-2010). Il a également été président de la commission Buizingen instaurée après l’accident ferroviaire de 2010.
Le ferroviaire.
La SNCB et Infrabel sont un des dossiers importants et brûlants qui seront sur la table du nouveau ministre. "Nous espérons qu’il va revoir le plan stratégique de Jacqueline Galant et que les préoccupations ne seront pas que budgétaires. Il y a sûrement des efforts de compétitivité à faire, mais pas uniquement sur les cheminots. Espérons qu’il s’inscrira dans les recommandations de la commission Buizingen qui avait demandé du personnel en suffisance et bien formé notamment en matière de sécurité", dit Marianne Lerouge, responsable générale de la CSC-Transcom. "Il connaît très bien les dossiers ferroviaires et c’est un homme de dialogue. On espère qu’il pourra calmer les ardeurs des dirigeants du groupe", renchérit Philippe Dubois, secrétaire régional de la CGSP Cheminots à Bruxelles.
Il revient à François Bellot de mener à bon port la signature des contrats de gestion de la SNCB et d’Infrabel. Les deux entreprises vivent sur un contrat de gestion provisoire depuis 2012. Ce contrat entre l’Etat et les entreprises déterminera les missions de base qui leur seront confiées et les moyens qui seront mis à leur disposition pour les réaliser.
Sur la question du RER, le ministre Bellot a réaffirmé la réalisation de la mise à 4 voies des lignes 124 (Bruxelles-Nivelles) et 161 (Bruxelles-Ottignies). Mais il a aussi précisé qu’il faudra voir dès à présent comment optimiser l’offre sur l’infrastructure actuelle. Il y a également le nouveau plan de transport qui doit prendre le relais de l’actuel en 2017. La SNCB vient de lancer les consultations des partenaires (communes, navetteurs, etc.). "Nous attendons qu’il poursuive la politique entamée par Jacqueline Galant et qu’il mette d’abord les navetteurs au centre des préoccupations de l’entreprise. La satisfaction du voyageur doit être l’objectif de la SNCB plutôt que celle de ses contraintes internes qu’elle a érigées en objectif", renchérit Henry-Jean Gathon, président du Comité consultatif des voyageurs ferroviaires.
L’apaisement du climat social sera également à l’agenda du nouveau ministre, mais la tâche ne sera pas une sinécure. Le protocole d’accord social élaboré par les directions (SNCB, Infrabel, HR Rail) divise les syndicats.
La CSC-Transcom l’a avalisé, mais l’approbation est le fait de la seule aile néerlandophone du syndicat chrétien (ACV-Transcom). La CGSP Cheminots a rejeté le texte (avec des divisions en interne entre les affiliés du nord et du sud), mais l’approbation de la CSC suffit à le faire passer en commission paritaire nationale cette semaine avec les voix des directions. Des remous sociaux sont à craindre.
François Bellot devra aussi clôturer les discussions sur le nouveau plan d’investissement 2015-2019 initié par l’ex-ministre Galant. Il prévoit de sérieuses économies sur la législature (663 millions) et suscite des interrogations. Le nouveau contrat a mis fin à l’initial dont la validité était fixée sur la période 2013-2025 avec un budget de près de 26 milliards d’euros. Reste à savoir aussi s’il ressuscitera le projet d’un train pendulaire sur la ligne Bruxelles-Luxembourg et qu’il a longtemps défendu quand il était parlementaire. "Améliorer la mobilité des travailleurs, c’est améliorer leur bien-être et c’est aussi rendre plus efficace notre économie. Espérons que Bruxelles aura l’attention qu’elle est en droit d’attendre pour les dossiers de mobilité", dit Ridouane Chahid, député bruxellois et spécialiste des dossiers de mobilité au PS.
L’aérien.
François Bellot devra résoudre l’épineux dossier du survol de Bruxelles. Il est question de faire atterrir aussi vite que possible une loi aérienne (vliegwet). "Le temps presse car le 13 juin entrera en vigueur un règlement européen qui rendra plus difficile à organiser toute modification ou contrainte concernant les réglementations aéroportuaires. Il serait dommage qu’un véritable plan durable ne soit pas engagé à ce moment-là", dit Brigitte Buffard, présidente de Brussels Air Libre Brussel. L’association demande une approche équilibrée dans le dossier avec l’objectif d’éviter de survoler les zones densément peuplées. "Comme tous les Bruxellois, nous attendons du nouveau ministre de la Mobilité qu’il adopte une attitude impartiale dans le dossier des vols de nuit et du survol de Bruxelles", poursuivent Bernard Guillaume et Peggy Cortois, respectivement président et administratrice déléguée de l’UBCNA, la plus ancienne des associations de défense des riverains de Brussels Airport.