Avions: le plan du MR pour éviter un choc communautaire
Les libéraux ont arrêté leur stratégie dans le dossier du survol de Bruxelles : un moratoire avant un plan plus global.
Le dossier du survol de Bruxelles va à nouveau faire parler de lui dans les jours qui viennent. Très attendu, l’arrêt concernant l’action en cessation environnementale introduite par la Région bruxelloise pour contester le plan porté par l’ex-secrétaire d’Etat Melchior Wathelet devrait tomber le 31 juillet ou avant le 15 août. Pour rappel, suite au jeu de chaises musicales consécutif à la distribution des portefeuilles ministériels au CDH, c’est désormais Catherine Fonck qui gère le dossier au niveau du gouvernement fédéral en affaires courantes.
Voilà pour le présent. Dans le futur, c’est bien au MR qu’il reviendra de défendre les intérêts francophones dans ce dossier hautement sensible. Lors de la campagne électorale, mais également après le scrutin du 25 mai, les libéraux avaient réclamé ni plus ni moins qu’un moratoire sur la sixième phase du plan dit "Wathelet" datant du 6 février dernier. Cette étape de la réforme avait notamment instauré une nouvelle route aérienne dans le ciel du sud de Bruxelles, mais également chargé la route dite du canal. Non sans provoquer une vaste contestation citoyenne incarnée par le mouvement Pas Question.
Celui-ci, exigeant le moratoire, devrait être entendu par les négociateurs MR qui œuvrent, dans la discrétion la plus totale, à la rédaction du programme du futur gouvernement "suédois", l’associant à la N-VA, au CD&V et à l’Open VLD. D’après les échos que "La Libre" a glanés, le MR aurait arrêté sa stratégie dans le dossier des avions. Comment s’articule-t-elle ? Elle préconise d’abord un retour à la situation d’avant le 6 février 2014. C’est-à-dire qu’en lieu et place des deux "virages à gauche" pour les décollages au départ de la piste 25R, dont le "long" incommode surtout les habitants des communes d’Etterbeek, Auderghem et Watermael-Boitsfort, on en reviendrait à une concentration vers l’ancien virage court, survolant Schaerbeek, Woluwe-Saint-Pierre et Saint-Lambert ainsi que Crainhem et Wezembeek-Oppem. Cette route "récupérerait" également une série de vols "gros porteurs" qui suivent actuellement le canal. Pour emballer cette position, le MR annoncerait un plan plus global à plus long terme (auquel il sera sans doute difficile de croire) mais également un travail sur les normes de vent afin de contenter les habitants des communes de l’est de Bruxelles.
Woluwe-Saint-Pierre en justice
Nouveau rappel, ces normes de vent déterminent l’usage de la piste 01 qui occasionne de grosses nuisances de Woluwe à Wezembeek-Oppem. La modification de ces normes, dans l’intérêt de cette région proche de l’aéroport, figurait noir sur blanc dans l’accord du gouvernement Di Rupo, que Melchior Wathelet a tenté d’appliquer. En vain visiblement, puisque les nouvelles normes ne furent tout simplement pas respectées par Belgocontrol, l’aiguilleur du ciel. Notons que ce que le MR envisage concernant ces normes de vent correspond précisément à ce à quoi Catherine Fonck est actuellement occupée au sein du gouvernement en affaires courantes.
Au final, on notera qu’il n’est pas question pour le MR de demander le rallongement de la nuit, du survol de zones peu densément peuplées situées en Flandre ou encore du déplacement de l’activité "fret" de l’aéroport national vers les aéroports régionaux. Autant de mesures qui avaient été évoquées durant la polémique qu’avait suscitée la mise en œuvre du plan de survol de Bruxelles par Melchior Wathelet. Autant de mesures allant dans le sens des intérêts bruxellois mais pas dans ceux de la Flandre.
L’allongement de la nuit (de 22 à 23 heures et de 6 à 7 heures) et la diminution du trafic au-dessus de Bruxelles figuraient par ailleurs dans le plan "Wathelet bis" annoncé juste avant les élections et qui avait fait l’objet d’un conflit d’intérêts initié par la Flandre (une route dans le ciel flamand étant destinée à accueillir plus de vols) avant d’être abandonné par le conseil des ministres restreint faute d’accord politique.
Aujourd’hui, la commune de Woluwe-Saint-Pierre, dirigée par le CDH Benoît Cerexhe, annonce une action en justice pour que ce plan bis soit effectivement appliqué. "Il n’est pas idéal mais soulagerait les quartiers de Woluwe, Auderghem, Etterbeek et Watermael-Boitsfort", explique le bourgmestre. Pour lui, l’instruction donnée par le secrétaire d’Etat ne peut pas, d’un point de vue juridique, être cassée par les conclusions d’un conseil des ministres. Benoît Cerexhe attendra toutefois l’issue de l’action en cessation de la Région bruxelloise avant de lancer sa commune dans l’aventure. La seconde étant de nature à freiner la première.
- Les routes aériennes vers le sud de Bruxelles