L’essor considérable du trafic aérien en Europe augmente nettement les émissions de polluants
Malgré les améliorations technologiques, la croissance soutenue du trafic aérien augmente sa contribution aux émissions de polluants, gaz à effet de serre et aux nuisances comme le bruit. L’Europe n’échappe à cette règle qui devient un véritable défi pour des déplacements plus vertueux.
Au niveau mondial, le trafic aérien représente environ 3 % des émissions de gaz à effet de serre, en augmentation constante. Pourtant, les technologies s’améliorent, les aéroports diminuent leurs émission de carbone mais rien n’y fait : les voyages en avion connaissent un essor considérable et entraînent mécaniquement la multiplication des appareils mais aussi des aéroports toujours plus nombreux et gigantesques. Par exemple, en Europe, il existe 82 grands aéroports (plus de 50 000 mouvements d’aéronefs par an), ils devraient être 110 en 2040.
La deuxième édition du "Rapport Environnement de l’Aviation Européenne" publié conjointement par European Aviation Safety Agency (EASA), European Environment Agency (EEA) et EUROCONTROL, fait état des bénéfices économiques, de l’innovation et de la multiplication des échanges mais souligne que le revers est l’augmentation de la pollution atmosphérique, du bruit et des émissions de carbone.
Au niveau du bruit, depuis 2008, le niveau sonore moyen des avions gros-porteurs opérant en Europe a considérablement diminué, notamment grâce à l’arrivée de l’Airbus A350 et du Boeing 787, précise le rapport qui ajoute qu’une nouvelle norme de bruit des aéronefs est entrée en vigueur au 1er janvier 2018. Toutefois, la gêne déclarée par les personnes exposées au bruit des avions est supérieure à celle causée par d’autres modes de transport.
Au niveau de l’Europe (UE28 + les 4 pays membres de l’Association européenne de libre-échange), le nombre de trajets aériens a augmenté de 8 % entre 2014 et 2017 et devrait croître de 42 % d’ici à 2040 (dans seulement 20 ans) ! En 2017, 9,56 millions de trajets aériens ont été enregistré, c’est plus de 18 trajets chaque minute ! Nombre total de kilomètres parcouru : 16,4 milliards en 2017.
Même si la consommation de carburant par passager devrait diminuer de 12 % (via l’augmentation du nombre de passagers transportés par avion et un meilleur rendement des appareils) et le bruit par vol de 24 % d’ici à 2040, avec un tel essor du trafic aérien, il est impossible de compenser ces bénéfices écologiques (meilleure efficacité énergétique, renouvellement de la flotte d’avions). C’est pourquoi, en 2040 les émissions de CO2 augmenteront de 21 % et les émissions d’oxydes d’azote (NOx) de 16 %.
En une heure, un avion typique bi-moteurs avec 150 passagers brûle 2,7 tonnes de kérosène, émet 8 500 kg de CO2, 3 300 kg de vapeur d’eau, 30 kg d’oxyde d’azote, 2,5 kg de dioxyde de soufre (SO2), 2 kg de monoxyde de carbone, 400 g d’hycrocarbures, 100 g de particules et suies.
En 2016, le trafic aérien domestique et international en Europe représentait 3,6 % des émissions européennes de gaz à effet de serre et 13,4 % des émissions dû aux transports.
Hans Bruyninckx, EEA Executive Director, a déclaré : "ce rapport confirme que la tendance actuelle et les prévisions dans l’aérien ne sont pas compatibles avec la protection de l’environnement, du climat et de la santé humaine. L’Europe doit montrer la voie vers un secteur de l’aviation plus durable chez nous et à l’étranger. Des politiques solides et une mise en œuvre solide peuvent atténuer les impacts futurs d’un secteur en croissance, tout comme l’innovation et le changement fondamental nécessaire dans le comportement des consommateurs."