Survol de Bruxelles: un moratoire différemment apprécié

rtbf.be
woensdag 10 september 2014

Annoncer, comme l’a fait "la future majorité fédérale", la suspension du plan Wathelet déjà abrogé par décision de justice le 31 juillet dernier n’a plus de sens, sauf à laisser entendre qu’il pourrait être remis en vigueur, ce qui est totalement inacceptable tant politiquement que juridiquement, dit le président des FDF Olivier Maingain. Ce moratoire constitue une première étape qui ne doit pas masquer l’absence de décisions structurelles, juge de son côté le PS. Le mouvement citoyen Pas Question et l’asbl Bruxelles Air Libre ont eux salué cet accord.

Pour Olivier Maingain, cette annonce est donc une fausse solution qui ne répond pas à cette décision de justice, d’autant qu’il est tout aussi inacceptable politiquement et juridiquement de remettre en vigueur les anciennes routes qui ont aussi été condamnées par des décisions de justice en 2005.

"En somme, pour ne pas mécontenter les électeurs du CD&V et de la N-VA dans la large périphérie Nord de Bruxelles, alors qu’elle est moins peuplée, le MR a accepté une concentration du survol aérien au-dessus de Bruxelles et de sa proche périphérie. Le MR est tombé dans le piège de diviser les Bruxellois pour mieux satisfaire ses partenaires flamands ", a commenté au passage le président des FDF.

Pour la formation amarante, la future majorité gouvernementale aurait dû, dès la conclusion de son accord, élaborer un plan définitif de gestion de l’aéroport de Bruxelles afin d’en réduire les inconvénients, dans le respect des principes suivants: application de la nuit européenne de 22 heures à 7 heures, voire interdiction de tout survol nocturne au départ de l’aéroport de Bruxelles-National; délocalisation de certaines activités de Bruxelles vers des aéroports régionaux; définition d’un plan de vol diurne prenant en compte les zones les moins densément peuplées pour des raisons de sécurité et de santé publique; et mise en place d’un organe indépendant chargé de vérifier le respect des plans de vol et d’imposer des sanctions aux compagnies aériennes en infraction.

Pour Olivier Maingain, en refusant d’aborder ces questions dès la constitution du futur gouvernement, " la majorité kamikaze fuit ses responsabilités et imposera à nouveau à des populations bruxelloises, en ce compris de la périphérie, des nuisances insupportables ".

Le PS dit oui à un moratoire mais non à une mise au frigo

"Le groupe PS constate qu’après une centaine de jours de négociations, la Kamikaze rejoint enfin sa position sur le survol de Bruxelles: il est en effet urgent de retourner à la situation d’avant le 6 février 2014. Mais cette première étape indispensable ne suffit pas ", a fait valoir mercredi après-midi le groupe socialiste.

Pour la députée PS Karine Lalieux, " le moratoire soulage certains Bruxellois mais ne résout rien de manière durable: il reporte les nuisances sur d’autres quartiers densément peuplés... ".

Le PS exige des mesures durables qui respectent toutes les règles de sécurité aérienne et évitent les zones les plus densément peuplées, tout en cessant d’opposer les Bruxellois les uns aux autres.

Aux yeux des socialistes, une solution durable aux nuisances générées par les activités de l’aéroport de Bruxelles passe par quatre prérequis: un nouveau plan de survol aérien, avec comme critères prioritaires la sécurité et l’évitement des zones les plus densément peuplées; une diminution de la période opérationnelle de jour à une plage allant de 7 à 22 heures (au lieu de 6 à 23 heures actuellement), dans l’attente d’un accord sur la fin progressive des vols de nuit au niveau européen; le respect par les avions autorisés à survoler Bruxelles de normes de tonnage et de bruit strictes; et enfin, une concertation préalable avec les régions concernées et un accord en conseil des ministres pour toute nouvelle initiative dans ce dossier.

Pour le groupe PS, il est donc " hors de question que les partenaires de la Kamikaze s’en tiennent au seul moratoire et qu’in fine, le dossier du survol de Bruxelles s’enlise pour 5 ans dans le frigo du prochain gouvernement ".

Bruxelles Air Libre et "Pas Question" saluent l’accord pour le moratoire

Les deux mouvements rappellent que le tribunal de première instance de Bruxelles avait condamné le 31 juillet dernier le plan et les nuisances aériennes qui en découlent au-dessus des quartiers les plus densément peuplés de Bruxelles. Pour Bruxelles Air Libre, l’annonce de ce moratoire s’inscrit dans un message "résolument constructif des formateurs soucieux du droit, de la démocratie et de l’équité".

Pas Question estime que cette décision "juste et courageuse" est une étape "indispensable" pour élaborer ensuite un nouveau plan "sur des bases sereines, sans continuer à prendre en otage plus de 600 000 citoyens bruxellois". Le mouvement citoyen demande au gouvernement en affaires courantes de préparer activement l’exécution du moratoire dans les délais les plus courts possibles. Il reviendra ensuite au prochain gouvernement de lancer les procédures afin d’objectiver la situation et apporter des solutions durables au problème.

"Nécessaire mais insuffisant", juge Ecolo

Les Verts ont dit accueillir avec satisfaction cette décision de mettre fin au survol intensif de la Région bruxelloise généré par ce plan car celle-ci, était "la seule solution à court terme pour mettre fin aux nuisances inacceptables subies par les centaines de milliers de Bruxellois. Mais Ecolo rappelle que le moratoire n’est qu’une étape, qui ne réglera en rien le problème".

Pour les députés bruxellois Arnaud Pinxteren et Evelyne Huyttebroeck, et fédéral, Benoit Hellings, les informations sur l’intention affichée par les négociateurs de rechercher à plus long terme une solution définitive au survol aérien, sur la base de données objectives et d’une concertation des Régions laissent toutefois craindre le pire. Le futur gouvernement ne prévoit aucune mesure structurelle : pas d’interdiction des vols de nuit, pas d’allongement des procédures de nuit jusqu’à 7h du matin, pas d’allongement des pistes, pas de plafonnement du nombre de mouvements... De plus le futur gouvernement aurait l’intention d’envisager "un usage intensif de la piste 07, ce qui impliquerait des atterrissages massifs sur le Nord de Bruxelles et sa périphérie (sur un axe allant de Berchem-Sainte-Agathe à Evere), faisant plus de 150.000 victimes". Ecolo continuera de combattre ce projet, et de veiller à ce que le gouvernement apporte de réelles solutions à ce dossier, comme il l’a toujours fait, ont encore dit les trois députés.

[vidéo de l’extrait du journal télévisé de la RTBF à ce sujet - Interview de Peggy Cortois via le lien ci-dessous]