La Région bruxelloise conteste les routes de survol de la capitale

lalibre.be
jeudi 23 janvier 2014

Evelyne Huytebroeck menace le secrétaire d’Etat Wathelet de recours.

C’est dans l’accord du gouvernement fédéral. Melchior Wathelet (CDH), secrétaire d’Etat à la Mobilité est chargé d’appliquer les accords de 2008-2010 sur le survol de Bruxelles et environs au départ de l’aéroport de Zaventem. Ce qu’il fait bon an mal an depuis 2012. Après avoir exigé à Belgocontrol de se baser sur de nouvelles normes de vents pour l’utilisation de la piste 01 (ex-02), ce qui doit théoriquement soulager les communes du Sud-Est de la capitale, il rationalise progressivement les routes aériennes. La Région bruxelloise râle aujourd’hui, malgré la suppression de la route Chabert qui traversait la ville de part en part au profit de la route du canal (appelée aussi route Onkelinx) supposée moins densément peuplée. Après avoir constaté une diminution des nuisances sonores liées au départ de DHL et aux améliorations techniques dans la conception des avions, Evelyne Huytebroeck (Ecolo), ministre bruxelloise de l’Environnement, craint que les choses n’empirent à nouveau pour les Bruxellois.

Qu’est-ce qui vous dérange dans cette nouvelle répartition des routes ?

Melchior Wathelet se trompe quand il dit que l’on survole des zones moins densément peuplées. C’est faux. Depuis le 9 janvier, la route du canal remplace la route du Ring que nous avons toujours considérée comme la meilleure. Depuis le 9 janvier, la nuit et le week-end, les gros-porteurs passent par la route du canal.

C’est dans les accords de 2008-2010…

Dans cet accord, l’on crée en effet une route pour les gros-porteurs, qui est celle du canal mais il n’est pas dit qu’on y met tous les gros-porteurs. Or c’est ce que fait Melchior Wathelet. Il ne faut pas prendre les Bruxellois pour des cons. La route de canal, cela ne veut pas dire que l’on vole au-dessus de l’eau. Les quartiers du canal sont de plus en plus peuplés. On voit les avions au-dessus de la Grand-Place. On ne me fera pas avaler que ce qui se passe est favorable à Bruxelles.

Les avions sont déjà hauts lorsqu’ils survolent ces quartiers…

Dans le centre ce n’est pas si haut que cela, les habitants de Forest et Saint-Gilles les entendent. Les plaintes du bas de Saint-Gilles commencent à se faire très fortes. Et cela risque d’augmenter sérieusement. Mais il y a autre chose : le dédoublement du virage à gauche.

Celui qui inquiète Messieurs Gosuin et Deleuze, bourgmestres d’Auderghem et de Watermael-Boitsfort ?

Oui. On va disperser les vols en arrosant de nouvelles communes, d’Etterbeek à Watermael-Boitsfort. On concentre sur le canal et on disperse dans cette zone.

Au profit de la Flandre ?

Il y a des Flamands à Bruxelles. Au profit du Noordrand et de l’Oostrand.

Ces deux zones ont fort souffert de la piste 01. La philosophie du plan, c’est une répartition plus juste des nuisances, n’est-ce pas aussi votre objectif ?

Je n’ai jamais vu les choses comme cela. Il faut diminuer les nuisances au maximum pour tous. Cela veut dire conclure un accord de coopération pour étendre la nuit de 6 heures à 7 heures et mettre en place un institut des nuisances sonores afin de travailler sur des bases objectives. Ce sur quoi tout le monde était d’accord.

C’est la fameuse autorité de contrôle ?

Oui. Là-dessus Wathelet n’avance pas.

Vous réclamez une modification du plan ?

On n’est pas d’accord avec tout. On charge le canal, ce qui n’est pas dans l’accord. Nous avions écrit nos réserves à Etienne Schouppe à l’époque en disant que nous resterions attentifs. Les choses allaient mieux mais maintenant, on applique les mauvais aspects du plan.

Il faut bien que ces avions passent quelque part. N’êtes-vous pas dans le syndrome Nimby… Pas chez moi ?

La ministre régionale que je suis pense que cela risque de poser des problèmes. Je continue de relever les nuisances pour défendre tous les riverains. Il nous faut cet institut car c’est la seule manière de s’en sortir. Il faut des experts indépendants. Ça ne peut pas être un dossier brandi en vue des élections. Qu’on arrête de jouer un quartier contre l’autre.

Les normes de bruit sont-elles dépassées dans la zone du canal ?

Bien sûr. Il y a des amendes depuis toujours.

Comment allez-vous procéder ?

On a eu des réunions avec Melchior Wathelet qui est un homme de dialogue. Mais à l’automne nous avons élevé le ton en lui écrivant que cela n’allait pas. Nous n’avons pas eu de réponse. Il y a les amendes et les sanctions mais ce n’est pas une solution puisque l’on sanctionne les compagnies aériennes. Mais c’est l’arme que nous avons, nous examinons donc la possibilité d’un recours.

Pour soulager la route du canal ?

Pour revoir le plan plus globalement.

Pourtant ce plan était connu depuis 2010. N’êtes-vous pas dans un positionnement électoraliste ?

La route du canal a été chargée début janvier, il est donc normal que je m’exprime maintenant. Melchior Wathelet a dit cet été qu’il allait appliquer le plan comme tel. On lui a pourtant redit que ça n’allait pas être bon. Je ne cherche pas le clash mais la discussion.

N’est-on pas reparti pour un round de discussions interminables, voire une crise communautaire ?

J’espérais qu’avec le CDH, qui s’était battu sur cette question, on n’allait appliquer l’accord sans oublier l’accord de coopération et l’institut des nuisances sonores. Si la discussion n’est plus possible j’utiliserai d’autres moyens. Nos principales demandes sont l’allongement de la nuit de 6 heures à 7 heures et la création d’un institut des nuisances sonores ; 65 % des amendes tomberaient si les avions ne décollaient pas avant 7 heures.