Wathelet : "Je ne prends pas de risques"
Plan de vol de Zaventem : le secrétaire d’Etat sur le gril.
interro
Depuis l’annonce, en juillet 2012, de l’application des accords politiques de 2008-2010 quant au survol de Bruxelles à partir de l’aéroport national, Melchior Wathelet n’est guère bavard sur le sujet. C’est ce qui explique en partie la volée de questions parlementaires qui lui sont tombées dessus hier en commission Infrastructure de la Chambre. Le secrétaire d’Etat à la Mobilité n’a pas pu faire autre chose que de répondre aux inquiétudes se manifestant en Flandre suite à la modification des normes de vent qui déterminent la répartition des décollages et des atterrissages sur les trois pistes de Zaventem.
Ces normes, en vigueur depuis le 19 septembre, ont eu pour effet de soulager la piste 01 (ex-02) pour au profit de la piste 25 au détriment du Noordrand, la périphérie Nord de Bruxelles mais également de la Région bruxelloise. Ce qui explique naturellement la fébrilité de certains partis flamands (mis sous pression par les associations de riverains), y compris à l’intérieur de la majorité fédérale.
Ce à quoi le plan répond d’un équilibre meilleur dans la répartition des nuisances. A ces crispations communautaires, se sont greffées d’autres critiques bien plus alarmistes venant des pilotes et des contrôleurs aériens. Certains d’entre eux affirment que les nouvelles normes mettent en péril la sécurité aérienne de l’aéroport national. Autre crainte : que le plan nuise à la compétitivité de l’aéroport. La N-VA n’hésite pas à affirmer que Melchior Wathelet travaille pour les électeurs de Joëlle Milquet et les aéroports régionaux wallons (sic).
Eviter le brûlot communautaire
Le secrétaire d’Etat à la Mobilité balaye ce qu’il nomme des contre-vérités. "Ce que je n’accepte pas, c’est qu’on laisse croire que je prendrais un risque en matière de sécurité, a-t-il lancé aux députés. L’utilisation de la piste 25 de manière préférentielle, ce n’est pas un hasard ou pour faire plaisir à une communauté, elle est plus longue et mieux équipées". Ce qui rendrait les décollages et atterrissages plus sûrs.
Melchior Wathelet n’en avait pas fini de sortir des arguments massues. "Les décollages sur la 25 droite n’impliquent aucun croisement en l’air ou de conflits au niveau des routes (empruntées par les avions, NdlR). Moins on croise les routes plus c’est sûr. Le fait d’utiliser les pistes 25 en parallèle fait qu’il n’y a pas de croisement au sol, ce qui est également plus sûr" . Et d’indiquer que les normes décidées sont utilisées dans quantité d’aéroports européens. Bref, Melchior Wathelet défend bec et ongles l’accord de gouvernement qui prévoit l’application de compromis politiques dégagés par Etienne Schouppe (CD&V) qui "n’est pas un francophone notoire" . Le secrétaire d’Etat veut éviter que ce dossier ne se transforme en brûlot communautaire (il a déjà fait tomber un gouvernement). Pour cela il devra terminer de mettre son plan en œuvre. La finalisation des nouvelles routes aériennes est prévue par étapes entre janver et mars. Avant la création d’un organe de contrôle indépendant, d’autant plus attendu que certains doutes subsistent quant à l’application réelle des normes de vent par Belgocontrol.
Mathieu Colleyn