Le survol des communes autour de l’aéroport de Zaventem

Lettre ouverte au nouveau Ministre de la mobilité, François Bellot
mardi 3 mai 2016

Matraquage vécu par l’Est de Bruxelles : il est urgent que des mesures soient prises !

Monsieur le Ministre,

Nous avons été heureux d’apprendre votre nomination comme Ministre de la Mobilité.

Vous avez depuis lors en charge l’un des dossiers les plus sensibles qui concerne le survol des communes autour de l’aéroport de Zaventem, lesquelles se situent dans les trois Régions de Bruxelles, Flandre et Wallonie.

L’accord de Gouvernement prévoit qu’un accord de coopération entre les Régions et le Fédéral doit être trouvé dans ce dossier, à la recherche d’un équilibre et pas uniquement un accord avec la Région bruxelloise qui par son arrêté bruit, rend son territoire « No Fly » en renvoyant tous ses survols indésirables sur les zones non protégées par ses propres normes de bruit, à savoir certaines zones à l’Est de Bruxelles, la périphérie, la Flandre et certaines communes de Wallonie.

Le dossier ne concerne donc pas uniquement la Région de Bruxelles qui n’a commencé à se plaindre qu’à partir de 2015 avec le Plan Wathelet. Notre matraquage, lui, remonte à 2003 ! Il est temps que cela cesse. C’est une question de santé publique et pas de confort !.

La périphérie Est, à la frontière entre Bruxelles et la Flandre subit une concentration de décollages et atterrissages abusive, résultat de volontés politiques manifestées dès l’année 2003 avec le Plan du Ministre Anciaux qui avait à l’époque, sans la moindre concertation, intensifié unilatéralement l’utilisation de la piste 01 pour les atterrissages, bouleversant ainsi, du jour au lendemain, la vie quotidienne de nombreux habitants des communes de Kraainem,Wezembeek-Oppem et une partie de Woluwé-st-Pierre essentiellement.

Piste 01 à l’atterrissage

Sur une procédure introduite par ceux-ci, l’État belge a été condamné en première instance, puis en appel, par un arrêt de la cour d’appel de Bruxelles du 17 mars 2005 qui a ordonné à l’État belge de mettre fin, sous peine d’astreinte, à l’usage abusif et intensif de cette piste 01 à l’atterrissage. La cour d’appel de Bruxelles a dit pour droit que leur santé était gravement affectée par l’usage intensif et abusif de la piste 01 à l’atterrissage.

Le conseil des ministres a en conséquence pris la décision de principe de rétablir le caractère secondaire de l’utilisation de cette piste 01 en obligeant BELGOCONTROL à maintenir, pour les atterrissages, l’utilisation des deux pistes prioritaires 25 (dont les couloirs d’approche survolent quant à eux des zones non aedificandi) aussi longtemps que la composante de vent arrière sur ces pistes ne dépasse pas 7 nœuds.

Depuis lors, aucun ministre de la mobilité n’a été capable de faire appliquer cette règle, tous les prétextes étant bons pour intensifier à nouveau l’usage intensif et abusif de la piste 01 pour les atterrissages. Les statistiques prouvent qu’en réalité l’utilisation intensive de cette piste n’a pas diminué en dépit de décisions de justice exécutoires et les abus sont de plus en plus flagrants.

À titre de simple exemple, toute la nuit du 19 au 20 avril 2016 les mêmes riverains de Kraainem et Wezembeek-Oppem ont continuellement dû subir des atterrissages injustifiés (vent moyen inférieur à 3 nœuds pendant toute la nuit), avec des nuisances sonores très largement supérieures à celles qui font l’objet de l’arrêté GOSUIN dont les communes situées en dehors de la stricte région bruxelloise ne peuvent apparemment pas se prévaloir.

Monsieur le Ministre, nous comptons sur vous pour que cette norme de 7 nœuds soient appliquée correctement. En effet, la fixation des normes et le contrôle de son respect sont bien de votre ressort.

Monsieur le Ministre, nous comptons également sur vous pour que des solutions soient trouvées pour alléger et sécuriser ces atterrissages, en utilisant une autre piste mieux orientée par vent latéral, à savoir la piste 07L, bénéficiant récemment de la procédure RNP (Required Navigation Performance) sur injonction de l’OACI.

Piste 25 droite virage gauche court au décollage

Par décision de justice obtenue par la Région bruxelloise en juillet 2014, tous les décollages par la piste 25 droite virage gauche court ont été remis sur l’Est de Bruxelles que le Ministre Wathelet avait voulu décharger pour donner exécution aux décisions de justice obtenues ordonnant de soulager ces riverains. L’application de ce moratoire était annoncée comme provisoire ! qu’en est-il ?

Nous ne voulons évidemment pas d’une solution pour les décollages qui matraquerait encore davantage notre zone, comme l’ont proposé certaines associations de Bruxelles profitant de leurs normes de bruit régionales (arrêté Gosuin).

Belgcontrol nous a confirmé que les virages gauches ne peuvent être opérés avant 1700 pieds. Il n’est donc pas question d’essayer de les faire virer plus tôt à basse altitude sur Kraainem et Wezembeek comme certains l’auraient espéré dans le seul but de contourner et d’éviter la seule région de Bruxelles-Capitale.

Nous comptons aussi sur vous pour relever les altitudes d’accélération des décollages sur notre zone (NAPD – jusqu’à 6.000 pieds au lieu de 3.200 pieds), qui ont été abaissées par le secrétaire d’Etat Wathelet. Cette solution serait déjà un soulagement pour notre zone. Nos associations restent à votre disposition dans le cadre de la concertation que vous avez appelée de vos vœux dès votre entrée en fonction dans la recherche d’une solution équilibrée entre les zones, sachant que nous sommes évidemment d’accord de prendre notre part de nuisances. Nous en attendons autant des autres zones car nous n’acceptons pas, sur le plan de la santé publique, d’être traité par l’Etat comme des citoyens de seconde zone.

Pour AWACSS asbl, Frédéric Petit

Pour Wake Up Kraainem asbl, Elisabeth de Foestraets