Zaventem s’agrandit, les riverains inquiets

lalibre.be
samedi 1er décembre 2012

“On est déjà au seuil du tolérable”, prévient le député Didier Gosuin. BruCargo

Plus de 200 millions d’euros investis et jusqu’à 3 000 nouveaux emplois créés d’ici 2020 : Brucargo, la zone fret de l’aéroport de Bruxelles-National, voit grand. En tout, près de 13 nouveaux bâtiments et hangars vont être construits ou rénovés, pour une superficie dépassant les 150000 m2. "Nous voulons devenir une plaque tournante intercontinentale pour le fret aérien, explique Arnaud Feist, le patron de Brussels Airport. Par rapport à d’autres secteurs du transport, le fret aérien génère une plus-value exceptionnelle pour notre économie."

Le potentiel mondial du cargo aérien d’ici à 2020 est ainsi estimé à 4 % par an et à 2,5 % au sein de l’Europe. Déjà spécialisé dans le transport de certaines matières (les biens précieux ou dangereux, les produits périssables, ) l’aéroport de Zaventem veut aussi devenir la référence dans le secteur pharmaceutique où la demande reste en pleine croissance, malgré la crise. Pour ce faire, un "acteur de taille" du secteur va directement s’installer dans les hangars de Brucargo prochainement. Près de 5 % du fret aérien européen passe par notre pays, mais ce chiffre grimpe à 11 % en ce qui concerne le seul secteur pharmaceutique. Reste que ce projet n’enchante pas tout le monde. Certains riverains n’ont ainsi pas tardé à réagir.

Les plaintes viennent de Bruxelles et sont relayées par le député Didier Gosuin (FDF). "Dans certaines communes, on est déjà au seuil du tolérable au niveau des nuisances sonores, prévient M. Gosuin. Je ne suis évidemment pas contre la création d’emplois. Mais il manque une réflexion fédérale globale en matière d’aviation : la concurrence que se font les différents aéroports de notre pays coûte cher." Et le député de se poser la question : "Est-ce malin de concentrer le fret sur Bruxelles-National plutôt que sur Liège-Bierset qui a tout aménagé pour pouvoir recevoir des vols de nuit ? Pour moi, l’activité primordiale de Zaventem est de desservir la capitale européenne avec des passagers, pas de faire du fret. Cet aéroport est déjà surdimensionné par rapport à sa capacité environnementale possible."

Du côté de Brussels Airport, on se défend : plus d’activités, cela ne signifie pas automatiquement davantage de trafic aérien. "Ce que nous voulons surtout, c’est mieux rentabiliser les vols, pas spécialement augmenter leur nombre. On doit éviter, par exemple, qu’un avion venu d’Asie décharge son fret à Zaventem pour ensuite repartir à vide, explique Arnaud Feist. Dans ce projet, ce sont les acteurs de la logistique qui viennent à nous : on crée une sorte de zone industrielle qui va créer des milliers d’emplois."