Les émissions de CO₂ des avions ont moins baissé en Belgique qu’ailleurs : voici pourquoi

lalibre.be
jeudi 28 janvier 2021

Les émissions de CO₂ provoquées par les avions ont diminué de 57% en Europe en 2020, en raison du nombre de vols limité par la pandémie de Covid-19. En Belgique, cette chute d’émissions n’est toutefois que de 30%, alors que les vols ont diminué de plus de la moitié, comme partout sur le Vieux Continent. Il existe deux explications à cette exception belge, d’après le gestionnaire du ciel européen Eurocontrol.

L’année 2020 restera dans l’histoire comme l’une des plus noires pour le secteur aérien. Suite aux restrictions de voyages liées à la pandémie du Covid-19, l’Europe aura ainsi connu une chute de plus de la moitié de ses vols (55%) par rapport à 2019. Un chiffre qui correspond aussi à la baisse des émissions de dioxyde de carbone (CO₂) des avions (-57%) sur le Vieux Continent.

Mais la situation n’est pas égale pour tous les pays européens, comme le montre le classement d’Euroconrol (voir infographie). Entre le Monténégro qui a vu ses émissions de CO₂ produits par les avions diminuer de 75% et le Luxembourg où la baisse est limitée à 12%, c’est le grand écart.

Les grands pays européens, comme le Royaume-Uni, la France, L’Espagne, l’Allemagne ou l’Italie, se trouvent dans une fourchette allant de 50 à 60% de réduction. Notons que selon les critères internationaux, les émissions de dioxyde de carbone d’un vol sont attribuées au pays de départ de l’avion.

Davantage de vols de fret

Et la Belgique ? Notre pays est le deuxième où la réduction de la pollution des avions est moindre (-30%). Comment expliquer ce phénomène alors que nos aéroports ont été tout autant touchés que ceux des autres pays par les effets de la pandémie ? "Le nombre de vols a été réduit de plus de la moitié en Belgique en 2020, comme partout en Europe", confirme Eurocontrol. Si la quantité de vols n’est pas la cause, ce serait plutôt les types d’avions utilisés l’année dernière en Belgique qui expliquerait cette faible diminution.

"L’une des principales causes de cette évolution est la forte proportion de vols de fret au départ de la Belgique, qui est passée de 11 à 25 % en 2020 par rapport à 2019", explique Eurocontrol. "Or les vols cargo utilisent des avions plus grands et volent plus loin que la moyenne belge, et génèrent donc des émissions CO₂ supérieures à la moyenne". Les aéroports de Bruxelles et de Liège sont ainsi devenus des plaques tournantes du transport international de vaccins anti-Covid.

Une deuxième raison pointée par le gestionnaire du ciel européen est la "spécificité" du marché belge. Là où de nombreux aéroports européens ont massivement annulé leurs vols long-courrier, tout en préservant les vols à courte distance, ce serait l’inverse qui se serait produit chez nous.

Brussels Airlines maintient, par exemple, près de 40% de ses liaisons africaines, alors que ses vols européens ne représentent que 7% de son offre habituelle."Le vol régulier moyen était beaucoup plus long depuis la Belgique par rapport à 2019, et il a donc a émis plus de CO₂", conclut Eurocontrol. En résumé, s’il y a eu moins d’avions dans le ciel belge en 2020, ceux-ci étaient, en moyenne, plus grands, et donc plus polluants.