Taxer le secteur aérien en Belgique ? "Cela ne ferait que déplacer le trafic vers les aéroports voisins"
Les compagnies aériennes belges réagissent froidement à la proposition de taxer le kérosène des avions en Belgique.
Taxer le secteur aérien en Belgique. L’idée provient du Conseil supérieur des Finances (CSF), comme le révélait ce mardi La Libre. Le relèvement des droits d’accises au niveau du diesel et de l’essence pour les avions rapporterait 1,15 milliard d’euros par an aux caisses de l’État. Outre la TVA sur les billets d’avion (6 %), qui permettrait à la Belgique d’engranger 202 millions d’euros par an, le Conseil supérieur des Finances évoque aussi une taxe d’embarquement de 10 euros par billet d’avion. Dont recette estimée de 142 millions d’euros pour l’État.
Le secteur aérien belge a réagi froidement à cette proposition via la Belgian Air Transport Association (Bata) qui regroupe les grandes compagnies de notre pays, comme Brussels Airlines ou Tui Fly. "Si une taxe supplémentaire du secteur aérien, sous quelque forme que ce soit, devait être imposée, il est important de l’imposer au niveau mondial, explique Vincent Snauwaert, le secrétaire général de la Bata. Les taxes locales et même européennes ne feront que déplacer le trafic vers les aéroports voisins ou vers d’autres transporteurs, qui bénéficieront d’un avantage concurrentiel".
Pour l’association, les efforts déployés aboutiront à un "double désavantage". "Les émissions ne diminueront pas et, en plus, nous nuirons aux compagnies aériennes européennes, ce qui aura un impact sur la croissance économique et les taux d’emploi". De plus, selon la Bata, "les recettes provenant d’une taxe sur l’aviation devraient être réinvesties dans la recherche et le développement, comme la production de carburant durable pour l’aviation ou l’évolution des moteurs, afin de soutenir l’effort des compagnies aériennes pour devenir neutres en CO2".
L’Europe plaide aussi pour une taxe sur le kérosène
Sans cela, une taxe sur l’aviation "ne contribuerait en rien à la réduction des émissions", estiment les compagnies belges. "En rendant les vols plus coûteux, l’investissement que les compagnies aériennes pourraient faire dans des technologies plus vertes serait davantage limité", poursuit Vincent Snauwaert. "Si une taxe est avant tout un outil de collecte de revenus, qui doit être aligné sur les ambitions climatiques de la Belgique, la question de savoir comment le financement sera utilisé pour l’écologisation de l’économie reste sans réponse", conclut-il.
Rappelons que cette idée d’une taxe sur les carburants des avions revient régulièrement sur le devant de la scène. Le mois dernier, la Commission a ainsi proposé de taxer à partir de 2023 le kérosène pour les vols au sein de l’Union européenne, tout en leur imposant un taux minimal de biocarburants.
Contrairement à l’essence ou au diesel destiné au transport routier, le kérosène n’est pas soumis aux accises. Une particularité qui existe depuis… 1944 et la Convention de Chicago signé entre de nombreux pays et qui empêche toute taxation. D’aucuns estiment qu’il est temps de mettre fin à cette exception.