Pour le CDH, le moratoire est "une erreur politique"

lalibre.be
mardi 20 mai 2014

Geler le plan de survol de Bruxelles rendrait les francophones demandeurs.

PS et MR ont décidé de suivre les revendications des associations de riverains qui se battent depuis des semaines contre le plan de répartition des vols mis en œuvre par Melchior Wathelet (CDH) dans le ciel bruxellois. Les deux partis réclament donc un moratoire. A quelques jours des élections, cela ne mange pas de pain. Si ce n’est que les conséquences politiques d’une telle déclaration ne sont pas les mêmes pour les deux partis.

Pour le PS, il s’agit de revenir à la situation qui prévalait avant le 6 février, date à laquelle le fameux virage gauche survolant Etterbeek, Auderghem et Watermael-Boitsfort a été mis en œuvre. Objectif, "revenir à une situation où le nombre de personnes survolées était infiniment moins important", précise le cabinet de Laurette Onkelinx. Les autres phases du plan resteraient d’application. Dans le même temps, il convient de travailler déjà à une solution structurelle, ajoute la tête de liste PS pour les élections fédérales. Reste que l’idée du moratoire, version PS, revient à renvoyer les vols contestés de ce virage gauche vers l’Oostrand (Woluwe-Saint-Pierre, Wezembeek, Crainhem) dans lequel le PS n’a que peu d’électeurs.

Ce n’est pas le cas du MR, qui semblait au départ plus radical que le PS en demandant le "retrait, donc le moratoire, sur le plan Wathelet". Si Joëlle Milquet ou Melchior Wathelet venait à prendre une initiative en ce sens, "le MR la soutiendrait", ajoute le président Charles Michel dans une petite entrevue filmée avec les militants de Pas Question. Il précise qu’il faut directement se mettre autour de la table afin de trouver une solution globale pour réduire les nuisances sur Bruxelles. Contacté par "La Libre", le porte-parole du président Charles Michel précise qu’il ne s’agit en rien, pour les bleus, de jeter l’ensemble du plan. Le moratoire libéral vise lui aussi les mesures du 6 février et la surcharge constatée sur la route du canal. Le MR rejoint donc point par point la revendication principale du mouvement "Pas Question". Quitte à se fâcher avec ses électeurs de l’Oostrand ? Il s’agit d’une mesure temporaire, précise le MR, en attendant des mesures structurelles. A l’occasion du débat qui l’opposait à Elio Di Rupo, Didier Reynders a d’ailleurs souligné qu’il fallait préserver les acquis de l’Oostrand. Le risque ? Que le temporaire dure plusieurs années dans ce dossier on ne peut plus communautaire.

La fin de l’autoroute

Pour le FDF, Didier Gosuin ne souhaite pas utiliser le terme de moratoire : "Il faut une autre répartition des vols qui mette fin à cette nouvelle autoroute aérienne". Et ce sans charger les habitants de l’Oostrand, qui ont vu leur situation s’améliorer "et pour lesquels je me suis battu", précise la tête de liste. Pour lui, Melchior Wathelet doit trouver des solutions sur base des routes existantes.

Isolé, le CDH maintient pour sa part que le moratoire n’est pas une solution souhaitable. "Outre le fait qu’on chargerait à nouveau l’Oostrand, estime Benoît Cerexhe, chef de groupe CDH au Parlement bruxellois et bourgmestre de Woluwe-Saint-Pierre, je considère que ce serait une erreur politique. Il faut rappeler qu’une action en conflit d’intérêts initiée par la Flandre suspend les améliorations proposées par Melchior Wathelet jusqu’au 9 juillet. Après cette date, ces modifications entreront en vigueur, ce qui mettra les partis flamands en position de demandeurs puisqu’ils ne sont manifestement pas d’accord avec ces modifications. Si on reste sur l’idée d’un moratoire, ce sont les francophones qui seront demandeurs, ce qui n’est pas optimal dans le cadre d’une négociation communautaire". Au nom du cdH, Joëlle Milquet, tête de liste régionale à Bruxelles, répond aussi aux questions du mouvement "Pas Question". Elle déclare : "Nous exigeons, comme vous, la suppression des nouvelles routes aériennes du 6 février et en ferons une condition d’accord de gouvernement mais nous voulons les déplacer au large de Bruxelles sur des zones non densément peuplées et non, contrairement à vous, les remettre sur les communes bruxelloises de l’est de Bruxelles (Crainhem, Schaerbeek, Wezembeek-Oppem, Woluwe-Saint-Pierre, Woluwe-Saint-Lambert, etc.)".

Pour rappel, sous pression, le secrétaire d’Etat Wathelet avait proposé, fin avril, de soulager le fameux virage gauche en reportant une partie des vols sur une route "Ikea" existante mais passant par la Flandre. Les autorités flamandes avaient réagi en actionnant un conflit d’intérêt courant jusqu’au 9 juillet. Au cabinet Wathelet, on estime qu’un moratoire n’est pas possible à court terme puisque le rétablissement de la route d’avant le 6 février prendrait plusieurs mois.