Le plan Wathelet calé en bout de piste

lalibre.be
vendredi 28 juin 2013

Le survol de Bruxelles et environs n’est pas réglé.

Blocage

"Le plan de survol de Bruxelles décolle enfin". C’est ainsi qu’avait titré - sans doute de manière un peu euphorique - "La Libre" du 18 juillet 2012 à propos du projet de Melchior Wathelet, secrétaire d’Etat CDH à la Mobilité, destiné à sortir le gouvernement de ce dossier qui l’empoisonne depuis 2003. Plutôt optimiste, le Verviétois tablait sur une mise en œuvre progressive étalée jusqu’au printemps 2013. Rappelons qu’il ne s’agit "que" d’appliquer des accords fédéraux datant de 2008 et 2010 gelés par la chute du gouvernement et l’interminable crise politique qui s’en est suivie. L’objectif est donc toujours le même : faire passer le survol de Bruxelles et du Brabant flamand d’une situation de "dispersion" à une "équitable répartition des nuisances sonores" , comme disait Melchior Wathelet. Onze mois plus tard, son plan est toujours immobilisé en bout de piste. Cette invraisemblable saga pourrait donc gratifier son public de quelques épisodes supplémentaires.

Car à moins d’un an des élections, dans les communes concernées, la grogne recommence à s’exprimer. La semaine dernière, Woluwe-Saint-Pierre constituait une large majorité pour voter une motion enjoignant le fédéral d’accoucher d’une solution. Woluwe-Saint-Lambert a fait de même le 24 juin, alors que les associations de défense des riverains se remettent à râler ouvertement. "La route Chabert (qui traversait Bruxelles de part en part, NdlR) a bien été supprimée au profit de la route qui suit le canal et certaines routes ont été adaptées pour épargner les zones les plus habitées, mais c’est tout, regrette Peggy Cortois, représentante des associations de riverains de l’Oostrand. M. Wathelet est manifestement un peu mou. Il a pourtant toutes les cartes en mains dans ce dossier".

C’est que celui-ci suscite un certain nombre de blocages. A tel point que le gouvernement fédéral fait montre d’un silence de mort à son sujet. Le secrétaire d’Etat lui-même refusant de livrer la moindre information et plus encore de commenter les lenteurs constatées. Pour une simple raison : son plan de survol fait toujours l’objet d’un arbitrage politico-communautaire qui, en 18 mois, n’a pas dépassé l’antichambre des négociations "intercabinets" ministériels. Melchior Wathelet s’est montré incapable de faire monter le dossier au gouvernement, déplore-t-on.

Avant d’aller plus loin, rappelons que le plan prévoyait une diminution drastique du nombre de routes qui survolent le centre du pays. D’une centaine, on passerait à quarante, dont une dizaine de nouveaux parcours, tels que la route du canal ou encore celle dite du ring en vue d’éviter un maximum les zones habitées. Autre objectif, soulager la fameuse piste 02-20 utilisée dans certaines conditions de vent. C’est cette utilisation que les riverains de Zaventem, Kraainem ou encore Woluwe (Oostrand) jugent abusive. Or ces derniers on y atterrit comme jamais. A cet égard, le plan Wathelet proposait de fixer une fois pour toutes ces normes de vent, actuellement soumises à interprétations diverses.

Vents contraires

Ces normes ont dû faire l’objet d’une nouvelle étude qui a retardé les discussions, apprend-on. A la demande de l’Open VLD et sans opposition formelle du MR, pourtant en pointe quand il s’agit, au niveau communal, de stigmatiser les lenteurs du fédéral. "Melchior Wathelet n’était pas obligé de satisfaire l’Open VLD", souffle une source proche du dossier. Et les résultats de l’étude - qui risque de confirmer ce que tout le monde sait déjà - sont maintenant attendus depuis septembre 2012 ! "Sans un accord sur ces normes on peut difficilement avancer", ajoute une autre source.

En effet. Si on soulage la 02, on répartit plus de vols sur Bruxelles et le nord de la zone (en direction de la Flandre), ce qui fait comprendre l’aspect communautaire du dossier. A ceci, se rajoutent des discussions compliquées avec l’armée qui utilise aussi une partie de l’espace aérien concerné au départ de Beauvechain et de Chièvres.

Selon ses propres dires, c’est en mars 2012 que Melchior Wathelet a enjoint officiellement Belgocontrol, la société publique autonome chargée du trafic aérien, d’appliquer les accords de 2010. "Les instructions données - ou pas - à Belgocontrol dont la tutelle est pleinement exercée par le secrétaire d’Etat à la Mobilité entraînent toujours actuellement une utilisation illicite et abusive de la piste 02", lançaient les associations de riverains de l’Ostrand dans un tract distribué la semaine dernière.

Mathieu Colleyn (lalibre.be)