Les nuisances de Brussels Airport sont... la faute à tous
Les auteurs du rapport d’incidence sur les nuisances sonores à Bruxelles présentent le premier chapitre de leur étude. Ils avancent déjà une conclusion : la responsabilité des nuisances n’incombe pas uniquement à l’aéroport, mais aussi aux politiques, à la Justice et aux riverains.
Brussels Airport n’est pas le seul responsable des nuisances liées au survol aérien de Bruxelles. Selon les premiers résultats de l’étude d’incidence Envisa, révélés par "Le Soir" et "De Standaard", tout le monde en prend pour son grade : L’État (actionnaire à 25%), les gouvernements, les Régions, la Justice et même les riverains. Le rapport conclut qu’à force de "mal gérer, mal informer, mal expliquer, le dossier alimente les suspicions entre chacun".
Pour rappel, cette étude d’incidence fait suite à une décision de justice de juillet 2017. Elle a été effectuée par un consultant français. Le premier chapitre vient d’être présenté au cabinet du ministre de la Mobilité. L’étude complète et ses recommandations sont attendues pour le mois d’avril.
Que dit ce rapport ?
• Pour l’heure, les seules propositions faites aux riverains consistent à déplacer le problème, en d’autres termes les nuisances.
• Le premier chapitre du rapport porte sur la situation de l’aéroport en matière environnementale : si la part belle est faite aux nuisances sonores, les rejets de CO2 et autres substances sont à peine abordés.
• Qui est impacté par ces nuisances ? Selon le rapport, le nombre de riverains survolés n’est jamais pris comme critère dans les choix opérationnels. Pas plus de prise en compte dans les décisions politiques et judiciaires. Sont aussi souvent passées sous silence les règles aériennes internationales.
• Le volet politique : au-delà des évidences - la localisation du site aéroportuaire en ville -, le rapport souligne les incohérences d’une gouvernance fragmentée. Il énonce le manque de collaboration entre les parties, des riverains qui communiquent mal, l’absence de considérations environnementales dans les décisions politiques, la méfiance observée envers les autorités de l’aéroport et les institutions liées (DGTA, Skeyes ex-Belgocontrol...).
• Toujours dans le volet politique : le manque de coordination entre les différents niveaux de pouvoir. "Le Soir" rappelle que la politique aéroportuaire est régionalisée depuis 1989. L’aéroport est situé en Flandre, mais le survol concerne une partie importante de Bruxellois. Enfin, le Fédéral est en charge de Brussels Airport, du contrôle aérien... Contrairement à d’autres pays, cette fragmentation de pouvoirs est maintenue sans un superviseur (apolitique) en charge de la gestion de l’ensemble des problèmes.
Et que penser des mesures prises ?
→ Le système d’amende contre le dépassement de bruit. Les enquêteurs disent ne pas comprendre l’objectif de ces sanctions, si ce n’est l’aspect financier. "Elles ne sanctionnent pas spécialement les mauvaises pratiques d’un pilote ou d’une compagnie, mais plutôt systématiquement les opérations imposées par le contrôle aérien", lit-on.
En conclusion
Le déménagement de l’aéroport n’est pas une "solution raisonnable". Il poserait la question de la responsabilité environnementale des nouveaux survolés. Il coûterait aussi une fortune en dédommagements des actuels survolés et des contractants. Et les auteurs de l’étude de conclure en reprenant les paroles d’Abraham Lincoln : "Vous pouvez satisfaire certaines personnes tout le temps, vous pouvez satisfaire tout le monde à certains moments, mais vous ne pouvez pas satisfaire tout le monde tout le temps."